L’éducation du patient: un élément crucial dans la prise en charge de la parodontite
par Christina Hruby – BDSc RDH
Les dentistes, les parodontistes et les hygiénistes dentaires effectuent une grande variété d’interventions cliniques pour améliorer la santé parodontale des patients. La pratique éthique exige le respect des normes scientifiques et, à ce titre, les professionnels dentaires se réfèrent à la recherche clinique pour guider la planification des traitements et la sélection des produits.1,2 Des études rapportent que l’éducation du patient est un élément essentiel de l’intervention en santé bucco-dentaire et qu’elle augmente considérablement le succès d’un traitement parodontal.3,5 La modernisation des soins de santé permet dorénavant une relation plus collaborative entre les professionnels traitants et les patients, où ceux-ci jouent un rôle plus actif dans les décisions cliniques. La recherche dans ce domaine suggère que le transfert de connaissances concernant les nombreux aspects de l’état particulier d’un patient n’est pas seulement une question de consentement éclairé, mais aussi un facteur clé dans l’amélioration des résultats cliniques et la conformité au bons protocoles de maintenance.3,5
Bien que la parodontite soit assez courante, touchant environ 50% des adultes, la maladie est encore mal comprise par la population générale.3 Afin de la gérer efficacement, la nature chronique de la parodontite et sa relation bidirectionnelle avec l’inflammation systémique nécessitent une excellente compréhension du processus de la maladie et de ses facteurs contributifs. Le succès à long terme du traitement de la parodontite dépend non seulement de l’intervention professionnelle, mais aussi du respect des intervalles de rappel recommandés et des routines quotidiennes de contrôle de la plaque.4 Alors que l’enseignement de l’hygiène bucco-dentaire est essentiel pour fournir aux patients les compétences nécessaires pour réduire la plaque et l’inflammation, des explications supplémentaires concernant l’étiologie de la maladie, les conséquences de la négligence et l’impact des conditions médicales coexistantes motivent les patients à se conformer aux recommandations et à maintenir une routine de soins bucco-dentaires.3,5 Les études démontrent que les patients ayant des niveaux de connaissances élevés sur la santé parodontale et ceux qui comprennent le raisonnement derrière les recommandations démontrent une meilleure assiduité aux rendez-vous et maintiennent des scores de plaque et de saignement inférieurs après l’intervention.3,5 Pour accroître les connaissances en santé bucco-dentaire, les praticiens doivent aller au-delà des simples instructions d’hygiène et prendre le temps de justifier leurs recommandations, de définir les termes utilisés pour décrire la parodontite et d’expliquer le rôle du patient dans la prise en charge de la maladie. Dans les pratiques cliniques, il est important de saisir les opportunités d’augmenter le QI dentaire d’un patient et de lui fournir les compétences nécessaires pour assumer la responsabilité de sa santé bucco-dentaire. Des exemples incluent, mais ne sont pas limités à:
- Démontrer les techniques d’élimination de la plaque interdentaire avec la soie et la brosse interproximale et développer les explications avec l’aide de diagrammes. Ceux-ci permettront au patient de voir et comprendre comment les brosses interdentaires éliminent de plus grandes quantités de plaque dans les concavités et les grands espaces d’embrasure que la soie dentaire.
- Utiliser des photos cliniques pour aider les patients à visualiser l’inflammation qui s’ensuit lorsque les rendez-vous de rappel sont ignorés.
- Examiner des vidéos éducatives au fauteuil pour expliquer comment les procédures seront effectuées et pourquoi les rendez-vous de suivi sont essentiels pour évaluer la réponse au traitement. Voir par exemple notre vidéo explicative sur le traitement au laser LANAP.
Le système de gradation de la nouvelle classification parodontale 2017 a clairement attiré notre attention sur le lien entre la parodontite et la santé systémique. Par conséquent, les patients doivent également être informés de l’impact que le diabète non contrôlé et/ou le tabagisme auront sur la progression de la parodontite et que ceux-ci pourront limiter le succès de leur traitement.6 Les cliniciens doivent informer les patients des répercussions de la parodontite sur la santé cardiovasculaire et la stabilité des maladies concomitantes telles que la maladie de Crohn, la polyarthrite rhumatoïde, la MPOC ou la maladie rénale chronique. 7,8 La contribution d’autres professionnels de la santé invite à une approche coopérative qui renforce le lien entre la dentisterie et la médecine. 9,10 Cette collaboration interprofessionnelle et la participation du patient offrent un potentiel d’amélioration de la santé bucco-dentaire et du bien-être général, ce qui est l’objectif de tous les cliniciens impliqués.
- Pour en apprendre davantage sur la nouvelle classification parodontale, cliquez ici.
- Pour en apprendre davantage sur la santé bucco-dentaire en lien avec la maladie rénale chronique, cliquez ici.